Note d'intention - Un texte

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Je suis très heureux et très honoré que le Musée du Quai Branly m’offre cette Carte Blanche dans le cadre de l’exposition « Sur la Route des Chefferies Bamilékés du Cameroun ».
Cette exposition est un événement important pour le Cameroun, et pour tous ceux qui, comme moi, tiennent à la valorisation de nos cultures traditionnelles. Au-delà de mes origines Bassa, et de la joie de voir mon pays à l’honneur, cette exposition sur les Chefferies Bamilékés est une occasion forte de valoriser notre patrimoine social et la structure tradi-moderne sur laquelle, selon moi, nos états doivent se construire. L’organisation de ces Chefferies reste l’un des rares liens entretenus avec notre histoire, gardiennes de nos traditions et nos valeurs ancestrales.
Lors cette Carte Blanche, je tiens à porter un récit depuis la perspective des principaux concernés, c’est à dire la nôtre, celle des Camerounais, mais aussi à exposer aux yeux du monde la beauté et la richesse de notre pays dont l’histoire reste encore méconnue, parfois même de ses propres enfants. Dans un monde moderne où les repères sont bousculés et les modèles à réinventer, la musique, la danse et l’écriture deviennent alors des occasions de rappeler, de reconnecter, d’offrir l’espace nécessaire au développement des individualités.
Dans chacun de mes projets, je suis porté par la même préoccupation : renouer l’Afrique avec son identité́, s’émanciper de son histoire coloniale, inspirer sa jeunesse et se réinventer car le futur ne se construit qu’à travers un enracinement solide et une meilleure connaissance de son histoire. Dans mon dernier album « 1958 », j’ai cherché à porter le récit encore inaudible de l’histoire de l'indépendance de mon pays, et à rendre hommage à ceux qui ont combattu pour notre liberté. Lors de cette Carte Blanche, je reprends ma quête : en musique, en danse, mais aussi en conférences et en contes.

Pendant le “Talking Gig“, aux côtés de Nadia Yala Kisukidi, nous parlerons de la guerre cachée pour l'indépendance qui s’est mêlée à mon histoire familiale, et du chemin initiatique que beaucoup d’entre nous dû entreprendre vers la connaissance de notre histoire nationale et de notre véritable identité. Avec “Bikutsi 3000”, j’ai voulu proposer un manifeste sous forme de conte féministe dans lequel la danse est un médium qui facilite la résistance, et les femmes les actrices de l’émancipation de la société́. “Djoss“ offrira un moment unique aux instruments des collections du musée qui seront interviewés par le conteur Emil Abossolo-Mbo. Les femmes et la nouvelle vague Afro-contemporaine seront à l’honneur de la Scène Ouverte.